Le cardinal Aaron, mandé part la duchesse de la Louveterie, était parti la veille en direction du domaine d’Amboise. Dans son carrosse, le prélat tentait de rédiger quelques missives pour la congrégation, dans ces temps où la haine et la violence refaisaient leur apparition dans le doux royaume des lys. Après avoir réussi à ramener la paix entre la Touraine et le Berry, l’archevêque de Reims allait devoir retourner au « front » dans les duchés voisins d’Anjou et de Poitou.
Le prélat arriva enfin à Amboise. De l’autre côté du fleuve, il put admirer l’admirable château qui surplombait le bourg. Percher sur son assise rocheuse, la demeure dominait la Loire de son style gothique flamboyant. L’harmonie de l’ensemble, couronné d’un alignement de lucarnes pointant leur pilastre vers le ciel, dégageait à la fois une idée de légèreté, mais également de force, par les fortifications qui protégeaient l’ensemble, accentuée par l’imposante Tour des Minimes.
Il y a quelques mois de cela, le vicomte s’était rendu à la fête donnée par la duchesse. Un bal masqué aux couleurs de l’automne. Charmant souvenir que le cardinal gardera en mémoire. Passant le pont, l'équipage remonta une petite ruelle avant de s’engager dans la tour cavalière qui le mènerait tout droit sur la terrasse du château aménagée en jardin. Le carrosse contourna l’aile perpendiculaire à celle face au fleuve et s’arrêta à l’angle des deux corps de bâtiment. Baignée de soleil, la façade intérieur de la cours éblouissait presque le regard par sa blancheur et sa luminosité. La portière ouverte par un laquais, le prélat descendit de voiture et se fit annoncer en envoyant gentiment un valet de la duchesse prévenir sa maîtresse.