Meymac, le 7 février MCDLVII,
A la Duchesse d'Amboise et de Luynes, salutations.
Madame,
Vous serez certainement étonnée que je prenne ce jour la plume pour vous adresser ces quelques mots. Il est assuré que votre fils et moi même nous chargons respectivement, d'un accord tacite, de la correspondance d'avec nos familles de sang propre, non par peur, mais par facilité. Vous devez donc vous doutez que je ne prends pas sans raison la plume ce jour d'huy.
J'ai peine à trouver les mots qui conviennent, tant les choses sont si floues. Alors, je ne saurais faire autrement et ne prendrai de mesure dans ce qui va suivre. Cette courte missive n'a qu'un but informatif et pourtant, c'est une supplique tout à la fois.
En ce début de mois, votre fils fit une sortie équestre matinale, comme à ses dernières habitudes. Cependant, il n'est jamais rentré en notre demeure. Nous entrepenons actuellement des recherches en ses terres limousines... sans succès à l'heure où je vous écris...
J'avoue qu'Espoir me quitte et que la Peur m'étreint. Mais je ne pouvais non plus vous laisser sans nouvelle, ou dans l'ignorance.
S'il venait à vous contacter, ou vous rejoindre... Si vos gens le rencontraient, ou entendaient parler de sa présence en quelconque monastère, pour une convalescence ou tout autre raison... pourriez-vous m'en informer?
Veuillez me pardonner si je ne m'éternise pas en moult palabres, ou si je n'ai pas pris de détours. Les belles tournures n'ont que faire dans cette histoire cependant que les recherches sont toujours en cours. Je nous dois d'y retourner, à présent.
En attente de quelques nouvelles de votre part, de la sienne... ou de la mienne.
Respectueusement,
Cyrielle.
Cyrielle,
je suis en route pour Amboise à l'heure où je vous écris. Je n'ai plus eu de nouvelles de mon fils depuis la naissance de votre enfant.
Les nouvelles que vous me faites parvenir m'emplissent d'inquiétude. Dès mon arrivée je me renseignerais pour savoir si d'aventure d'autres de notre famille en sauraient plus à ce sujet, mais je n'ai eu aucun écho à son sujet depuis bien longtemps.
Il ne fait aucun doute que je vous contacterais au moindre élément qui me parviendrait.
Prenez soin de vous et gardez espoir. Asdrubael et moi même sommes avec vous et notre petit-fils.
Je prierais pour que le Très Haut remette notre fils sur le chemin de son foyer.
Morgwen de la Louveterie
Madame,
Je vous transmets ce court message pour vous informer des derniers évènements quant aux recherches menées. Nous n'avons pour l'heure encore retrouvé le Lion Blanc.
Seule sa monture est retournée à nous, nous laissant à penser que votre fils, mon époux, n'est pas loin, sur ses terres.
Mais par cet hiver glacial, j'ai crainte. Crainte qu'il ne trouve de quoi s'abriter, ou se nourrir. Car j'ai espoir qu'il erre, blessé, quelque part. Je n'ose imaginer d'autre issue.
Le Limousin entier fut sollicité par la voix du Comte à rechercher Rehaël. Il ne reste qu'à attendre que ceci porte ses fruits.
Cependant que les recherches se poursuivent, j'ai reçu ce jour missive étrange, de la part du Duc d'Alençon, le jeune Barahir de Malemort.
Il m'informe être vassal de votre fils... vassal que de fait, je n'ai point averti de la disparition, sa propre mère étant déjà mise au courant par divers biais, dont la Hérauderie et ma personne. Je suppose, donc, qu'il fut vassal de feu votre époux, le père de Rehaël et Ellesya? Dois-je avertir une autre personne et solliciter leur aide? J'avoue ne pas être au courant des divers vassalités qui lie votre fils à d'autres. Et je ne sais si je dois faire quelque chose en ce sens. Il me parle de lever le ban. Mais hormis lui et Ellesya, qui dois-je avertir?
Je sais que vous vous renseignez déjà auprès des membres de la famille et si je puis vous aider en cette tâche de quelque manière que ce soit, je n'y manquerai pas.
En attendant, mes prières se joignent chaque jour aux votres pour que Rehaël nous revienne...
Cyrielle d'Arduilet.
Ma fille,
je vous suis reconnaissante de m'informer de l'évolution positive ou non de la situation. Mon coeur se serre aux dernières nouvelles que vous me contez. Sachez que quoiqu'il arrive et quelque fut ma position initiale sur l'union que mon fils a voulu contracter avec vous, vous êtes dorénavant de ma famille et je ne le regrette point.
J'ai missivé mes deux frères, le Vicomte Rhuyzar et le Markgraf Fagnard, ainsi que mes cousins de Massigny, parrain et marraine de votre époux. J'ai envoyé quelques gardes sillonner nos domaines tourangeaux par acquis de conscience car je doute que notre fils soit venu en ces terres sans nous prévenir et sans vous.
Peut-être est-il effectivement blessé et accueilli sans que l'on sache son identité chez quelques humbles ou dans un quelconque monastère? J'espère que nous serons vite fixées.
Quant à mon neveu Barahir, c'est le seul de cette famille que je puis nommer de la sorte car il fut élevé durant un temps en mon foyer lorsque Rassaln vivait toujours. Il était écuyer de son oncle avant de passer ensuite au service de son autre oncle, Nico de Brassac.
Lors des funérailles de mon défunt époux, et selon ses dernières volontés, les terres de Chastre furent octroyées à notre fils ainé, Aldur, aujourd'hui disparu. Et celles d'Aubiat, à Barahir. Je suppose qu'il a renouvellé son serment lorsque Rehaël devint Comte de Meymac.
Comme autres seigneuries dont j'ai connaissance, ce sont celles de La Jonchère et de Saint Maurice. Ce sont les terres d'origine des Arduilet. Lorsque Rassaln fut en mesure de le faire, il échangea de bonnes terres meymacoises contre cette terre pauvre mais berceau de son sang. Puis transmis la seigneurie de La Jonchère-Saint Maurice, scindée, à chacun de ses enfants. C'est ainsi que chaque branche née de lui est dépositaire d'une moitié de la terre des Arduilet. Peut-être que vous avez, ou trouverez, une copie des mémoires de mon époux. Il doit en rester un exemplaire à Meymac.
Pour les nouvelles alliances et vassalités de notre fils, nous devons vous avouer notre ignorance, mais j'ose espérer que le nobiliaire du Limousin est complet sur ce point.
Prenez soin de vous
Morgwen
Ma douce et tendre Marraine,
Actuellement en mon domaine de Saint-Règle, je sollicite de vous rencontrer afin de discourir un peu avec vous, comme peuvent le faire une filleule et sa marraine, vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a quelques semaines j'ai perdu mon tendre époux et je suis venue chercher un peu de repos et un peu de réconfort auprès de vous et de vostre famille.
Votre affectionnée,
Laurre
Les familles Arduilet-Louveterie ont l'immense tristesse de vous convier aux funérailles de Rehaël d'Arduilet, Comte de Meymac, Baron d'Albussac et Seigneur de la Jonchère-Saint-Maurice.
Il fut retrouvé mort en sa forêt comtale, le 31 mars de l'an 1457.
Ses funérailles auront lieu en la Chapelle Saint Léger, sise au domaine de Meymac, ce mercredi 15 juillet 1457, sous l'égide du Compagnon d'Aristote Honoré de Saint Cyr.
Nous serons heureux de nous associer à vous pour lui rendre un dernier hommage, malgré la proximité entre cette présente annonce et la cérémonie, due à l'indisponiblité du prêtre officiant après cette date-là.
Prions ensemble pour que le Très-Haut l'accueille près de lui.
A Sa Grâce Asdruabel de la Louveterie et de Montfort, mon suzerain,
De Monseigneur Eldwin de Volvent, votre vassal,
Mes hommages,
Votre Grâce, je vous envoi ce message pour vous informer que je viendrais prochainement sur mes terres de Nouâtres. A cette occasion je désirerais pouvoir vous entretenir de diverses choses, ainsi que Dame Ellesya. Je sollicite donc la permission de venir vous visiter une fois que je serais en Touraine,
Recevez mes respectueuses salutations,
Que le Très-Haut vous garde,
Cher Eldwin,
tout d'abord, toutes mes félicitations pour votre nomination. Je suppose que nous aurons l'occasion d'en parler de vive voix.
La réponse est faite de ma main et non de celle de mon père car celui-ci se trouve actuellement en Bourgogne et n'a pas prévu de se déplacer à Amboise pour l'heure.
Si cela vous convient, il vous faudra vous satisfaire de ma seule présence. Dans le cas contraire, je vous conseille de procéder par messager ou de vous rendre jusqu'en Bourgogne si vous n'y êtes plus. Mais même là, je ne sais si mon père pourra vous recevoir. De ce que j'en sais, il n'est guère disponible.
Cordialement,
Ma Dame,
Mes salutations,
Je vous remercie pour vos félicitations. Et c'est avec plaisir que je me contenterai de votre présence. J'arriverai prochainement à Nouâtre où je vais séjourner quelques temps avant de partir pour la Lorraine, j'en profiterai donc pour vous rendre visite, à Amboise,
Avec toute mon amitié,
Que le Très-Haut vous garde,
Et qu'Aristote vous guide,
Monseigneur Eldwin de Volvent