Deux raisons l'avaient poussé à s'inscrire à ces joutes. La première était la nécessité de se rattraper de son piètre résultat lors de sa dernière participation, à Chartres en décembre dernier. Même s'il avait passé le premier tour sans grande difficulté, il n'était pas parvenu à passer le second, ce qui l'avait profondément déçu. Depuis, il avait redoubler d'effort lors de ses entraînements, retrouvant sa force et son habilité licornesse. Ce coup-ci, il comptait bien atteindre le dernier carré, voire mieux si la chance et les conditions étaient avec lui, surtout que sa suzeraine participerait aussi. C'était là la seconde raison. Le Licors allait revoir sa très aimée suzeraine qu'il n'avait pas vu depuis une éternité - la dernière fois devait-être à Auxerre il y a près d'un an - ou plus métaphoriquement, la Fraize allait retrouver son verger.
Il avait hâte de la voir, hâte de discuter avec elle, mais espérait qu'elle ne parlerait pas de son épouse décédée il y a quelques semaines à peine. Il ne l'avait pas encore mise au courant, mais en ce jour de fête il était hors de question de tenir l'ambiance. Aussi, il se forcerait à lui mentir - au moins jusqu'à la fin du tournois - et à faire bonne impression même si son coeur était profondément meurtri depuis la disparition de son épouse, bien qu'elle fut prévisible depuis plusieurs mois.
Il avait fait le chemin seul avec pour simple compagnon son destrier, de Bourgogne jusqu'en Touraine, comme il le faisait pour chaque tournois auquel il participait, c'était devenu une tradition. Cela lui permettait de faire le vide dans sa tête, d'évacuer ses émotions et ses problèmes quotidiens qui étaient nombreux en ce moment suite au climat bourguignon. Ce voyage et ces joutes arrivaient à point nommé, et lui feraient le plus grand bien.
Ah la Touraine ! Cette belle province lui rappelait toujours ses parents, nés ici, et morte ici en ce qui concerne sa chère mère qu'il n'avait même pas connue. Ce brin nostalgique fut rapidement évacué lorsque le bourguignon aperçu le noble Château d'Amboise qui se dressait non loin de lui. Enfin cela c'est ce qu'il croyait, mais il avait du mal évaluer la distance car il mit bien une heure de plus, à cheval, avant d'arriver à l'entrée.
Une fois sur place il ralentit le pas, se présentant au garde d'entrée.
-Salutations tourangeau. Je me présente, Antonio Licors, Seigneur de Fraize, fière et fidèle vassal de la Vicomtesse de Vitry-sur-Loire, mais néanmoins Comtesse de Turennes par mariage, Sa Grâce Esyllt Catarina de la Louveterie.
Je viens participer au tournois organisé par sa fratrie.
Puis il attendit, peut-être y avait-il un listing.